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LE DOCTEUR OMÉGA

Notre voyage dura cent vingt heures ; nous marchâmes nuit et jour jusqu’au moment où nous arrivâmes dans les régions glaciaires ; là, à cause de la végétation diurne, nous fûmes obligés de nous arrêter pour attendre que les plantes gigantesques écloses sous l’effet du soleil eussent été détruites par le froid de la nuit.

Enfin, nous aperçûmes les collines de glace qui bordaient la mer martienne…

Les Mégalocéphales, qui n’étaient pas habitués au froid, grelottaient comme de pauvres chiens mouillés et faisaient peine à voir.

Nous les enveloppâmes dans nos habits et ils nous surent gré de cette attention, car leurs pauvres petites figures grimacèrent un sourire…

À cent mètres environ des falaises, le docteur arrêta le véhicule et Fred partit en exploration ; il devait revenir nous trouver aussitôt qu’il aurait découvert la grotte où était enfouie notre enveloppe de répulsite.

Pendant que sa longue silhouette bondissait au milieu de la neige, je questionnai le docteur :

— Alors, lui dis-je… nous ne reviendrons pas chez Razaïou ?

— Non… répondit le savant… Dès que nous aurons notre enveloppe nous l’ajusterons au véhicule et nous repartirons pour la Terre… à moins, monsieur Borel, que vous ne préfériez rester ici pour y coloniser…

Cette facétie m’étonna de la part d’un homme aussi grave que le docteur. Pour plaisanter ainsi, il fallait qu’il fût bien joyeux… Quant à moi, est-il besoin de le dire, j’étais dans le ravissement et je revoyais déjà mon cher petit cottage et mon délicieux Stradivarius.

Cependant, en jetant les yeux sur les Mégalocéphales, une pensée me vint à l’esprit :