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LE DOCTEUR OMÉGA

cerclés de frettes boulonnées, étaient lisses et brillants, les hublots étaient fermés à l’aide d’une sorte de glace bleu pâle que l’on appelle dans Mars « Onozitis » (pierre transparente) et qui a toutes les propriétés du verre sans en avoir la fragilité.

Un ingénieur martien essaya devant nous l’automobile, mais il faillit être victime de son audace… Ses faibles tentacules ne pouvaient maintenir la direction, et bien qu’il ne fût parti qu’en première vitesse, il faisait des embardées inquiétantes.

Le docteur le remplaça au volant et, à la grande joie de tous, fit évoluer le véhicule avec une réelle maëstria…

Fred et moi allions monter avec lui, mais le vieux savant nous dit en haussant les épaules :

— À quoi bon ? nous ne partons pas encore…

— Pourquoi attendre ? fis-je avec dépit…

— Monsieur Borel, vous serez toujours le même… imprévoyant et téméraire !… Croyez-vous que je vais m’embarquer sans biscuits et surtout sans avoir consulté ma carte ?

— Quelle carte ?

— Mais parbleu, celle que j’ai relevée de la mer jusqu’ici… Avec ma boussole, je crois que je retrouverai facilement notre route…

— Et quand partirons-nous ?

— Ce soir… mais chut !… on nous observe… ces petits gnomes sont rusés… voyez, ils semblent se demander ce que nous disons… il faut que personne ne se doute de notre projet… sans quoi le Grand Razaïou, craignant que nous n’allions prêter main-forte à ses ennemis les Cococytes, nous ferait peut-être retenir ici.

Cette remarque était de la dernière justesse… en effet, Razaïou nous tolérait dans ses États à la condition que nous demeurassions constamment sous sa surveillance.