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LE DOCTEUR OMÉGA

esprit, un gnome malfaisant plein d’une infernale malice.

Est-ce que l’on chante quand on a failli semer la mort autour de soi ?

Toute la journée je fus d’une humeur de dogue et mes domestiques, qui étaient habitués à ne jamais recevoir de reproches, ne furent pas peu surpris en m’entendant les invectiver à tout propos.

Je ne songeais même plus à mon pauvre Stradivarius. Seul le docteur faisait l’objet de toutes mes réflexions.

Sa figure, que je connaissais maintenant, prenait tour à tour dans mon esprit des expressions bizarres.

J’en arrivai même à faire cette remarque : le monstre que j’avais vu dans mon cauchemar et le docteur Oméga se ressemblaient étrangement.

C’était à croire qu’il y avait dans mon rêve un semblant de vérité et que mon imagination affolée n’avait pas entièrement inventé la scène de la nuit.

Une curiosité de plus en plus cuisante m’aiguillonnait.

Je voulais à toute force connaître ce vieillard énigmatique… je voulais lui parler, ne fût-ce qu’un instant… l’interroger… savoir enfin à quel mystérieux travail il se livrait.

Mon parti fut vite pris.

Le lendemain, à l’heure de la promenade du docteur, je me trouverais sur son chemin.

Comme je craignais d’avoir encore un affreux cauchemar pendant mon sommeil, je ne me couchai pas ce soir-là.

Je m’étendis dans un fauteuil et laissai ma lampe allumée.

Que la nuit me parut longue !

Enfin, un petit filet blafard glissa entre les doubles rideaux de ma fenêtre.

Je m’habillai sans l’aide de mon valet de chambre, et sortis