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LE DOCTEUR OMÉGA

soin de tracer sur un calepin, en face de chaque mot, une portée de cinq lignes où je figurais par des notes les intonations que j’avais retenues. Il est vrai que le docteur Oméga se rattrapait sur l’écriture… À l’aide d’un pinceau trempé dans une substance verte il traçait avec une facilité surprenante, sur des tablettes grises, les hiéroglyphes les plus compliqués…

Au bout de deux mois, je m’exprimais assez couramment dans la langue martienne et le docteur l’écrivait très correctement.

Quant à Fred, il parlait un martien « petit nègre » qui faisait beaucoup rire les Mégalocéphales.

Lorsque nos maîtres jugèrent que nous étions suffisamment garagoulô (instruits), ils nous présentèrent de nouveau au Grand Razaïou…

Ce fut à moi qu’échut l’honneur de parler au roi martien.

Je lui exprimai tout d’abord le plaisir que j’éprouvais à me trouver en présence du plus grand cerveau de la planète Mars et je l’assurai de mon dévouement ainsi que de celui de mes compagnons.

Ce début fut très goûté de Razaïou, qui me répondit presque aussitôt :

— Je vois que vous êtes des bêtes intelligentes… bien plus intelligentes que les gagâyou.

(Les gagâyou sont des Martiens arrivés à un âge très avancé et dont l’intelligence s’est éteinte peu à peu.)

Puis Razaïou m’interrogea sur mon pays.

— Tu es sans doute, me dit-il, de cette planète ronde et lumineuse que nous apercevons d’ici quand la nuit tombe… et avec laquelle, depuis si longtemps, nous cherchons à communiquer… sans succès…

Et il m’apprit alors que, depuis un nombre incalculable d’années, les Martiens allumaient chaque soir des feux immenses dans l’espoir qu’on leur répondrait de la Terre.