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LE DOCTEUR OMÉGA

point inquiétant ; ce n’était plus un homme, mais un paquet de graisse… Quant au docteur, son petit cou de poulet s’était épaissi et ses jambes grêles avaient presque doublé…

Moi, je prenais du ventre et ne pouvais plus boutonner ma culotte… Nous résolûmes de manger moins de pilules et de faire un peu plus d’exercice.

Chaque jour, nous nous astreignions à une marche de deux heures. Nous faisions cinquante fois le tour du jardin sur lequel donnait notre appartement, et c’était pour nos gardiens une joie véritable que de nous voir trotter ainsi devant eux…

Je commençais à savoir beaucoup de mots martiens, mais je ne pouvais les assembler pour former des phrases… et cela me désespérait. Il faut croire que les « Grosses-Têtes » devinèrent ma pensée, car un jour elles arrivèrent avec de grandes tablettes sur lesquelles étaient dessinés des caractères bizarres, qui ressemblaient assez aux inscriptions cunéiformes de l’Asie occidentale. Nous ne tardâmes pas à apprendre que le langage martien se composait de syllabes gutturales et chantantes et que les mots, suivant l’intonation qu’on leur donnait, avaient plusieurs significations.

C’est ainsi que ghô voulait dire tout à la fois, arbre, nez, œil et genou… Selon que l’on filait le son ou qu’on le retenait, on obtenait des mots différents…

Comme je suis musicien, je parvins très vite à saisir « l’intonation martienne », mais le docteur et Fred étaient de fort mauvais élèves et désespéraient leurs maîtres.

Ils arrivaient assez bien à répéter les sons qu’ils entendaient, mais quand il leur fallait le faire sans qu’on les leur soufflât, ils n’émettaient que des cris bizarres, qui tenaient le milieu entre le roucoulement des pigeons et le bêlement des chèvres.

La langue martienne étant toute musicale, j’avais pris le