Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
LE DOCTEUR OMÉGA

offrirent des pilules et des tablettes avec une affabilité qui me sembla suspecte.

Bien que le docteur fît preuve de la plus belle assurance, j’étais néanmoins très inquiet. Les Martiens semblaient, il est vrai, nous avoir en haute estime, cependant il était à craindre que ces êtres énigmatiques ne méditassent quelque atroce vengeance. Quand je faisais part de mes appréhensions au vieux savant, il se contentait de hausser les épaules.

— Monsieur Borel, me disait-il, vous vous forgez des idées ridicules… Les Martiens n’ont aucune raison pour nous mettre à mal… Nous les intéressons bien trop… Cessez donc de vous alarmer… Moi, je suis tout à fait tranquille et je ne songe plus qu’à une chose, construire un nouveau Cosmos.

— Et la répulsite ! pensez-vous que vous pourrez la fabriquer ici ?…

— Mais, mon pauvre ami, vous me semblez n’avoir guère plus de mémoire qu’un linot… la répulsite, n’en avons-nous pas ? Et l’enveloppe qui est restée au bord de la mer ?

— C’est vrai, fis-je… je n’y pensais plus.

Et en effet… telle était la confusion de mes idées que j’avais complètement oublié l’enveloppe mise en réserve dans la grotte…

Le docteur me confia qu’il était décidé à apprendre rapidement la langue martienne, afin de pouvoir demander à nos hôtes les pièces et les ouvriers nécessaires à la construction d’un véhicule automobile… Il était impossible que le grand Razaïou ne fît pas droit à cette demande.

En attendant, que se réalisât ce rêve, nous étions toujours traités par nos gardiens comme de gros animaux inoffensifs. On continuait à nous gaver de pilules nutritives et nous engraissions à vue d’œil. Fred surtout prenait un embon-