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LE DOCTEUR OMÉGA

Bientôt se montrèrent des serpents noirs, minces comme des anguilles et velus comme des chenilles.

Cette fois, mon courage m’abandonna.

J’ai déjà dit que les ophidiens me faisaient tomber en pâmoison… Dès que ces vilaines bêtes apparurent, je me mis à sauter sur place comme si j’étais au milieu du feu.

Je crus lire sur les physionomies des Mégalocéphales — autant qu’on pouvait saisir une expression sur ces petites faces parcheminées — un sourire de pitié.

Évidemment, ils ne comprenaient pas que j’eusse peur de ces serpents qu’ils considéraient comme des animaux domestiques, puisqu’ils les prenaient dans leurs tentacules et les caressaient avec tendresse. Deux vilains reptiles enlacèrent les jambes du docteur ; un autre grimpa sur ses épaules.

— Mais tuez donc ces vilaines bêtes, m’écriai-je…

— Vous n’y pensez pas, monsieur Borel, me dit le vieux savant…

Vous ne comprenez donc pas que ces serpents sont des animaux sacrés… qu’ils jouent ici le rôle des chats dans la religion égyptienne… tâchez de surmonter votre dégoût… songez que si vous écrasiez une de ces vilaines bêtes, vous attireriez sur votre tête le courroux des Martiens…

D’ailleurs, voyez… ces reptiles sont inoffensifs… ils se rapprochent beaucoup de nos couleuvres terrestres… Mais le savant avait à peine achevé ces mots que je le vis faire un geste rapide et, presque aussitôt, il poussa un hurlement de douleur…