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LE DOCTEUR OMÉGA

Nous l’imitâmes aussitôt, mais à notre grande stupéfaction, quand nous nous relevâmes, la reine Bilitii et ses suivantes avaient disparu… Nous l’avions effrayée, et, bien qu’elle fût cependant avertie par nos « compagnons », elle n’avait pu supporter notre vue.

Nous ne fûmes pas autrement choqués de cette attitude qui, sur Terre, nous eût paru de la dernière incorrection.

D’ailleurs… n’étions-nous point en présence d’une reine !

Madame Bilitii était une petite Martienne timorée. En apercevant trois êtres énormes, poilus et grimaçants, elle avait éprouvé une répulsion bien compréhensible, imitant en cela la petite souveraine de Mildendo quand elle vit pour la première fois Gulliver. Les Mégalocéphales semblaient navrés que nous eussions été si mal reçus par leur reine, et ils nous emmenèrent dans une prairie où croissaient de grandes plantes rouges et des arbustes dont les troncs ressemblaient à des colonnes de marbre.

Des oiseaux hideux, au bec recourbé, aux ailes dentelées, aux pattes difformes, voltigeaient çà et là en poussant de petits cris rauques.

Parfois, ces volatiles étranges se posaient sur le sol et alors ils tournaient avec une rapidité surprenante jusqu’à ce qu’ils tombassent étourdis.

Plus loin, des animaux d’un vert pâle qui ressemblaient à des concombres glissaient sans bruit devant nous…

Un d’entre eux s’approcha de moi, eut une brusque contorsion et me sauta à la poitrine. Je reculai précipitamment et faillis tomber à la renverse, ce qui amusa beaucoup les Mégalocéphales.

J’appris plus tard que ces concombres rampants étaient des chiens martiens.

Mais nous n’avions pas encore tout vu.