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LE DOCTEUR OMÉGA

Nous allions comparaître devant Razaïou le roi des Martiens…

J’avoue que j’éprouvai à ce moment une légère émotion. Comment le grand chef de ce monde inconnu allait-il nous accueillir ?

Était-ce un être intelligent ou simplement quelque brute couronnée !

Des trompettes emplirent la salle de leurs petits sons nasillards, la voûte s’illumina soudain et le Souverain parut…

Il était grotesque et j’eus peine à réprimer une exclamation de surprise.

Figurez-vous un ballon de baudruche posé sur un corps de cigale… et vous aurez un portrait très exact du maître des régions martiennes…

Il était coiffé d’une sorte de tiare phosphorescente et tenait dans son tentacule droit un bâton de verre terminé par une ampoule dans laquelle brillait une petite flamme bleue…

Des pierres de couleur couvraient sa poitrine jaune, et sur son ventre piriforme s’étalait un médaillon carré qui contenait un affreux portrait — celui de la reine, comme je l’appris plus tard.

Une clameur s’éleva :

Razaïou !… Razaïou !…

Et les Martiens se couchèrent sur le dos en frappant le sol de leurs têtes.

Nous crûmes devoir, par convenance, nous livrer aussi à cette manifestation ridicule, ce qui parut beaucoup étonner Razaïou.

Il agita son petit sceptre et les Mégalocéphales s’approchèrent du trône avec un profond respect, le tentacule gauche sur la gorge, la tête rejetée en arrière… Arrivés devant le