Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
LE DOCTEUR OMÉGA

guer la forme passaient en sifflant comme des obus au-dessus de nos têtes et se croisaient avec d’énormes plates-formes volantes dont on voyait parfaitement les hélices…

Bientôt nous quittâmes la ville pour entrer dans un faubourg qui semblait couvert de suie et où s’élevaient des édifices plus noirs que ceux de Londres… puis nous filâmes à travers une vaste plaine où des arbres s’élevaient de place en place, des arbres gigantesques aux rameaux tombants…

Enfin une nouvelle ville se dessina à l’horizon au milieu de nuages rougeâtres…

Razaïou !… Razaïou !… s’écrièrent nos compagnons en agitant leurs grosses têtes en cadence…

Razaïou ! répétai-je très haut — ce qui me valut de la part des Martiens de longs et désagréables frottements de tentacules…

L’automobile s’était arrêtée…

En face de nous courait un torrent impétueux qui charriait non point de l’eau écumante, mais une matière en fusion d’où montaient d’énormes flocons de fumée âcre…

L’un des « Mégalocéphales » poussa un petit cri et aussitôt, d’un vaste échafaudage métallique que je n’avais pas remarqué, tant j’étais absorbé dans la contemplation du fleuve de feu, quatre chaînes descendirent et s’accrochèrent automatiquement à notre véhicule qui, soulevé avec une force prodigieuse, s’éleva dans les airs comme un aérostat… À une hauteur de cent pieds environ, cette singulière machine tournoya sur elle-même et nous filâmes horizontalement au-dessus du gouffre embrasé.

— Ces Martiens sont des génies, s’exclama le docteur… ils ont trouvé les ponts aériens… C’est merveilleux !… C’est féerique !… voyez comme tout ceci est merveilleusement réglé, quelle précision… tenez, maintenant nous descendons… nous sommes sur l’autre rive… Oh ! il est impossible que je n’arrive