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LE DOCTEUR OMÉGA

Pensant les attendrir, je murmurai très doucement, avec une inflexion de voix caressante :

Oyaoû !… oyaoû !…

Ces mots, qui n’avaient pour moi aucune signification, furent compris des affreux nains, car ils les répétèrent d’un air étonné en y ajoutant ces quatre syllabes bizarres : lo-hou-tou-zeï. Je sentis bientôt mes liens se desserrer, puis je fus soulevé de terre et transporté dans un recoin où deux chaînes m’emprisonnèrent instantanément les jambes et les poignets.

Oyaoû !… oyaoû !… répétai-je tristement…

Mais cette fois mes ennemis ne m’entendirent pas… Une vive lumière venait d’embraser le souterrain et j’aperçus sous une voûte où flottait une buée mauve, deux Martiens qui s’avançaient suivis d’un nombreux cortège.

Ils me parurent plus grands que leurs congénères ; s’ils avaient comme eux des membres tordus et grêles, par contre leur tête était énorme… volumineuse…

Vous avez quelquefois vu dans les rébus de ces figures bizarres, représentant une citrouille supportée par une caricature de corps humain.

Les deux arrivants avaient absolument cette forme. À mesure qu’ils approchaient, je pouvais détailler leur physionomie… Ils étaient d’une laideur comique et, en toute autre circonstance, j’aurais éclaté de rire en les apercevant.

Mais à leur vue un frisson me secoua de la tête aux pieds ; quelque chose me disait que ces êtres grotesques devaient être mes juges… que de l’énorme boule qui leur servait de tête allait sortir, ou ma grâce… ou mon arrêt de mort.

Je pris une attitude des plus humbles et attendis… le cœur serré…

Arrivés à quelques pas de moi ils s’arrêtèrent et demeurèrent la bouche ouverte… sans faire un mouvement.

Il était évident que je les étonnais…