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LE DOCTEUR OMÉGA

avec une audace qui stupéfia ses camarades, me toucha la tête… puis il fit un bond en arrière… en répétant par trois fois :

Oyaou !… oyaou !… oyaou !…

C’était la première fois que je parvenais à saisir un mot martien…

Imitant la petite voix flûtée de nos ennemis, je répétai :

— « Oyaou !… oyaou !… »

L’effet fut prodigieux…

Les Martiens poussèrent de petits gloussements de poussins et leur cercle se rétrécit à tel point que les quatre chefs, refoulés par le nombre, faillirent être précipités sur nous…

Mais le docteur ayant fait un mouvement, la foule recula terrifiée…

Les chefs en profitèrent pour donner des ordres et, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, une solide barrière de métal nous sépara des curieux.

Comment ce barrage avait-il pu être si rapidement établi ? Par quel procédé mécanique avait-il été mis en mouvement ? En regardant bien, j’aperçus des treuils roulants qui remontaient vers un grand échafaudage ayant un peu la forme, en plus petit, de notre Tour Eiffel… Décidément les Martiens étaient des constructeurs consommés…

Tout chez eux était actionné par des moteurs invisibles… Ces nains difformes et débiles savaient commander à la force…

Il était impossible que des êtres aussi intelligents eussent la cruauté des Caraïbes ou des Kanaks.

J’en étais là de mes réflexions quand je vis la multitude qui nous environnait s’écarter précipitamment, comme une bande de manifestants à l’approche de la police, et presque aussitôt un bruit comparable à celui d’un tuyau d’arrosage roulant sur ses galets attira mon attention…

— Avez-vous idée de ce que cela peut être ? demandai-je au docteur avec inquiétude.