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LE DOCTEUR OMÉGA

chauve osciller à ras du sol… et j’entendis ces mots qu’il prononça très bas :

— Pardonnez-moi, monsieur Borel !

Cela avait été dit d’une voix si douloureuse que je regrettai de m’être montré aussi dur envers un vieillard qui, somme toute, ne m’avait pas forcé à l’accompagner dans l’autre monde… J’étais libre de refuser de lui servir de second… quelle stupide fatalité m’avait poussé à prendre part à cette affreuse expédition !

Toute la nuit nous restâmes rivés au sol…

Quand le jour parut, une grande agitation se manifesta parmi les Martiens… Ce fut un trépignement formidable… un vacarme ininterrompu…

Nous devinâmes qu’une foule avide se pressait pour nous voir… De temps à autre, on percevait un roulement comparable à celui d’un chariot évoluant sur un plancher de bois, puis des sifflets aigus et le bruit de roues qui tournaient avec un ronflement sonore…

Enfin, nous sentîmes que nos liens se desserraient peu à peu…

Les fils qui nous retenaient ne nous fixaient plus à terre comme précédemment. Nous remarquâmes même que ceux qui entouraient notre corps avaient été enlevés… seuls nos bras et nos jambes étaient toujours étroitement ligotés…

Au prix d’efforts inouïs nous parvînmes à nous asseoir…

Alors… le spectacle qui s’offrit à mes yeux demeurera éternellement gravé dans mon esprit…

À perte de vue c’était une mer humaine… un véritable océan de têtes… Il y avait là des milliers d’êtres étranges qui ne ressemblaient en rien à ceux que nous avions rencontrés dans les régions glaciaires.

Bien qu’ils fussent petits et malingres, ils étaient cependant beaucoup mieux conformés que leurs frères polaires. Ils