Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
LE DOCTEUR OMÉGA

pressionnant… Cela tenait à la fois d’un râle et d’un ricanement…

Fred et le docteur étaient étendus à quelques mètres de moi… De la façon dont j’étais placé, j’apercevais le crâne du savant qui luisait comme une petite lune sous les feux des Martiens…

— Docteur… docteur… m’écriai-je… avez-vous toujours votre revolver ?…

— Oui… me répondit-il, mais je ne puis m’en servir, j’ai les mains entravées.

Je poussai un juron formidable… puis, une réaction subite s’opéra en moi et je me mis à pleurer… oui, à pleurer comme un enfant…

Le docteur essaya de me consoler, mais je l’invectivai avec la dernière violence. Je lui reprochai de nous avoir ainsi exposés à la plus affreuse des morts… et tout cela… pour satisfaire une ridicule curiosité…

— Voilà, grinçai-je… où nous ont conduits vos stupides inventions… Vous vous croyez un grand savant… mais vous êtes aussi borné qu’un mollusque… Quand on entreprend un voyage comme celui-ci, on doit avoir au moins les moyens de repousser les ennemis que l’on peut rencontrer… Ainsi, à cause de vous, nous allons périr dans les tortures… ces Martiens sont capables de tous les raffinements… ils vont certainement nous rôtir à petit feu…

Un sanglot de Fred me répondit…

— Courage ! murmura le docteur.

— Ah ! cela vous est facile à dire… hurlai-je écumant… courage… je sais bien qu’il en faut du courage… si encore… je pouvais me loger une balle dans la tête… mais non… je n’ai même pas cette suprême ressource… Ah ! misérable docteur… soyez maudit… oui… maudit… vous entendez !…

Le vieux savant poussa un profond soupir. Je vis sa tête