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LE DOCTEUR OMÉGA

L’industrieuse activité des Martiens ne faiblissait pas une seconde…

Maintenant, nous distinguions parfaitement, au milieu de l’enchevêtrement des poutrelles, des charpentes et des croisillons de cette ville en travail, de petits gnomes noirs et difformes qui allaient et venaient avec rapidité, tels des rats affolés par le feu…

Le docteur Oméga avait enfin arrêté le Cosmos, incertain de la route qu’il devait suivre et déjà il avait commencé à nous consulter, quand, tout à coup, une lueur intense nous aveugla, en même temps qu’une température intolérable se faisait sentir dans l’intérieur de notre véhicule…

Si nous avions eu encore notre enveloppe de répulsite nous aurions pu braver cette chaleur qui devait être bien inférieure à celle provoquée par le passage du bolide, mais on sait que les cloisons de notre automobile étaient maintenant en tôle… Bientôt nous commençâmes à respirer difficilement…

Le docteur voulut mettre le véhicule en marche, mais il s’aperçut qu’une sorte de barricade faite de poutres et de plaques métalliques nous barrait la route… À droite et à gauche couraient des ruisseaux remplis d’eau en ébullition…

Il nous restait encore une ressource : virer brusquement et reprendre le chemin que nous venions de parcourir…

Mais hélas ! il n’y fallait plus songer… il était sillonné de grandes flammes bleues… on eût dit que les Martiens venaient soudain de mettre le feu à un punch gigantesque…

À l’intérieur du Cosmos, la chaleur redoublait ; le thermomètre marquait maintenant 62°… et la lumière ardente braquée sur notre pauvre véhicule semblait, de seconde en seconde, croître en intensité.

Il était évident que MM. les Martiens voulaient tout simplement nous flamber comme des poulets.