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LE DOCTEUR OMÉGA

Au loin, dans l’obscurité, brillaient des étoiles rouges, des disques d’un bleu électrique qui semblaient tourner avec rapidité au milieu d’une pluie d’étincelles…

À n’en pas douter, c’étaient quelques engins formidables imaginés par les Martiens civilisés, des machines puissantes et compliquées dont il était imprudent de s’approcher, surtout la nuit…

Qu’allions-nous faire ?

Avancer, c’était courir au-devant d’une mort certaine… reculer c’était retomber dans les flammes que nous voulions éviter et dont le nombre semblait croître à vue d’œil.

Le docteur jeta un rapide coup d’œil par le hublot d’arrière et s’écria d’une voix rauque en saisissant son volant à deux mains :

— Avançons !…

Ce simple mot avait, en cet instant, quelque chose de terrifiant et de lugubre… Avancer c’était courir vers un inconnu peut-être plus affreux que nous ne le supposions… C’était nous exposer à être coupés, broyés par ces disques étranges qui tourbillonnaient toujours… à quelques centaines de mètres…

Notre phare ne nous était plus utile, car une clarté pareille à celle d’un énorme incendie ensanglantait la plaine…

Bientôt, sur l’horizon, se dessinèrent nettement de grands ponts métalliques, des échafaudages gigantesques… Des ruisseaux bouillonnants d’où montait une fumée blanche couraient en serpentant à droite de la route que nous suivions…

Au fur et à mesure que nous approchions, le bruit confus qui avait tout d’abord frappé nos oreilles se transformait en un assourdissant vacarme produit, à n’en pas douter, par des milliers de marteaux tombant et retombant sur des pièces de fer…