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LE DOCTEUR OMÉGA

voyait au loin la terre s’agiter, se soulever et retomber comme si une charrue énorme, l’eût bouleversée avec une force prodigieuse.

En regardant bien, nous nous aperçûmes qu’il y avait dans la plaine des sortes de chariots très bas qui marchaient parallèlement à une cinquantaine de brasses l’un de l’autre… On ne voyait aucun être humain sur ces véhicules, mais ils devaient cependant être actionnés par des Martiens… à en juger par les courbes qu’ils décrivaient… À n’en pas douter c’étaient bien des charrues, mais par quel ingénieux mécanisme étaient-elles mues ?

— Ce que je prévoyais se trouve en partie vérifié, dit le docteur Oméga… sur cette planète où la force physique des habitants est insignifiante, c’est la mécanique qui remplace les bras…

Tout ici se fait automatiquement… C’est vraiment très curieux et je suis impatient de voir dans un centre d’activité ce peuple inconnu…

Pendant que le savant parlait, j’étais demeuré la figure collée à la vitre du Cosmos et j’observais avec une curiosité où se mêlait beaucoup d’anxiété, les horizons multicolores qui s’étendaient devant nous.

Le jour baissait lentement.

Soudain, je poussai une exclamation de surprise…

Dans le lointain, le ciel était zébré de raies de feu… Cela montait, descendait comme des lanternes qu’une main invisible aurait promenées dans l’espace…

Tantôt, ces petites lueurs prenaient une couleur verdâtre, tantôt elles avaient l’éclat subit des éclairs…

Je crus d’abord que nous étions arrivés à quelques milles d’une montagne sur laquelle des êtres humains agitaient des falots… Mais en regardant très attentivement je ne tardai pas à me rendre compte que nous n’avions aucun