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LE DOCTEUR OMÉGA

Il disait vrai…

Je vis deux Martiens ajuster à leurs mains maigres les membranes qui leur servaient d’ailes… Ainsi ces êtres immondes, à la tête osseuse et repoussante, avaient résolu le problème de l’aviation…

Ils avaient trouvé le moyen de voler comme des oiseaux !…

Plus loin, j’aperçus des monstres plus délicats — des femmes chauves-souris sans doute — en train de confectionner à l’aide de lianes très plates qui ressemblaient à du varech, de longues bandes d’un tissu bizarre… qu’elles découpaient ensuite en triangles égaux…

Évidemment ces laborieuses femelles préparaient des ailes pour leurs Icares !

— Nous sommes déjà dans les régions civilisées, dis-je au docteur.

— Il y a longtemps déjà que je m’en suis aperçu, s’écria Fred…

— Toi…

— Oui… Qu’y a-t-il là d’extraordinaire ? Tout bête que je suis, j’ai bien remarqué que ces vilaines chauves-souris avaient des manières… comment dirai-je… des manières humaines… Ces particuliers-là ont une façon de vous regarder qui n’est pas ordinaire… L’homme sous-marin avait l’air d’un idiot… les petits Martiens de la côte étaient des crétins… ceux-là… sont des roublards… et la preuve… tenez… ils fument la pipe comme vous et moi…

C’était vrai…

Nous remarquâmes que deux ou trois chauves-souris assises sur le devant de leurs cases tiraient des bouffées de fumée d’une sorte de tuyau recourbé qu’elles portaient à leurs lèvres avec une évidente satisfaction…

— Je serais curieux de connaître le tabac que fument ces cocos-là, dit Fred…