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LE DOCTEUR OMÉGA

Le docteur qui regardait toujours par le hublot d’avant s’écria tout à coup :

— Oh ! voyez donc ces huttes… Sont-elles assez curieuses… quel joli travail !…

En effet, le long des arbres, à quelques mètres de terre, s’élevaient des sortes de ruches couleur d’ocre, suspendues au moyen de lianes enchevêtrées… C’étaient les demeures des chauves-souris… On eût dit des nacelles que l’on aurait recouvertes d’un dôme… Leurs parois étaient enduites d’une sorte de gomme jaunâtre et l’orifice qui servait de porte affectait la forme d’une fenêtre ogivale, joliment ouvragée.

Les cheiroptères martiens étaient, à n’en pas douter, des êtres intelligents, artistes jusqu’au bout de leurs membranes.

— Nous approchons des centres intellectuels, dit le docteur Oméga. Les gnomes que nous avons rencontrés sur le rivage dès notre arrivée, n’étaient que des êtres imparfaits, incultes, ceux-ci sont remarquables à tous les points de vue…

— Même comme laideur, m’exclamai-je…

— Ceci… je vous l’accorde, mais il est impossible de ne pas éprouver pour ces monstres une véritable admiration ; et tenez… il y a une chose que vous n’avez certainement pas remarquée, monsieur Borel…

— Laquelle ?…

— C’est que les membranes qui nous ont fait prendre ces Martiens pour des chauves-souris sont tout simplement artificielles…

Pour le coup, je ne pus retenir un bruyant éclat de rire…

Le docteur eut un imperceptible mouvement d’épaules et continua :

— Oui… parfaitement… artificielles… je dis bien… Voyez là-bas, près de cette ruche.

Et du doigt il m’indiqua une habitation de cheiroptère.