— Çà des oiseaux… jamais ! dit le docteur. Tu ne remarques donc pas qu’ils ont des mains et des pieds ?…
— C’est vrai… fis-je en écarquillant les yeux… Ils ont même une tête humaine…
— Ce sont des hommes chauves-souris… d’énormes vampires, dit le docteur.
— Des vampires ! s’exclama Fred, en reculant effrayé…
— Oui, poursuivit le savant… après avoir arrêté le véhicule pour examiner ces animaux bizarres…
Leur corps rougeâtre, parsemé de poils blancs, avait une forme ramassée, ovoïde… Leur thorax large et bombé donnait attache à des muscles puissants et les mains de ces horribles bêtes étaient garnies de membranes violettes qui, déployées, formaient des ailes très longues et triangulaires.
Quant à leur tête, c’était bien ce que l’on pouvait imaginer de plus hideux, de plus effrayant… Elle était ronde et luisante comme du vieil ivoire… Leur masque, d’un bleu d’acier, était orné de deux yeux glauques qu’on eût dit recouverts d’une taie tant ils étaient vitreux et leur bouche ressemblait absolument à une blessure sanguinolente…
Ils agitaient continuellement une sorte de dard fourchu qui était leur langue et, par instants, des crocs pointus apparaissaient entre la plaie vive de leur mâchoire.
Bien que je fusse à l’abri de leurs attaques, je ne pouvais regarder ces chauves-souris humaines sans frissonner.
Elles avaient quelque chose de répugnant et de féroce et aujourd’hui, il m’arrive encore fréquemment de revoir ces monstres pendant mon sommeil…
À un moment, deux de ces cheiroptères vinrent se poser sur le Cosmos et nous les entendîmes ramper sur la coque du véhicule…