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LE DOCTEUR OMÉGA

Le Cosmos filait toujours au milieu de ces régions enchanteresses, quand, tout à coup, le docteur s’écria en se tournant vers nous :

— Monsieur Borel… Fred… vous qui avez une excellente vue… pouvez-vous me dire ce que l’on aperçoit là-bas… On dirait une troupe en marche… Sont-ce des animaux ou des hommes ?…

— Oh ! des hommes… répondis-je après avoir jeté les yeux dans la direction indiquée par le docteur… des hommes !… non, je ne le crois pas… Ils seraient énormes et vous savez que, dans ces régions, les représentants de l’espèce humaine sont plutôt des miniatures que des géants.

— Mais pardieu !… s’écria Fred qui avait pris une jumelle marine… ce sont des bêtes qui ressemblent joliment à des éléphants…

Le docteur continua crânement d’avancer et bientôt notre curiosité fut satisfaite, car une troupe de pachydermes se dessina nettement à quelques centaines de mètres…

Quand nous ne fûmes plus qu’à une faible distance d’eux, les géants martiens s’arrêtèrent, surpris, et le docteur, par un brusque virage, fit décrire au Cosmos un demi-cercle…

Ces éléphants étaient monstrueux… On eût dit des mammouths colossaux… Mais ce qui nous étonna surtout, ce fut leur couleur.

Ils étaient roses, d’un rose tendre ; seules, leurs oreilles et leur queue étaient noires.

Ils portaient des défenses recourbées en forme de crochet… et leurs pattes de devant paraissaient sensiblement plus longues que celles de derrière…

Ils prirent sans doute le Cosmos pour un animal, car ils se précipitèrent sur lui en faisant entendre un cri lugubre qui n’était pas un barrissement, mais plutôt une sorte de ronflement sonore assez semblable à celui que poussent les