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LE DOCTEUR OMÉGA

roulions à toute allure au milieu d’une immense plaine, unie comme une table de billard…

La végétation polaire avait fait place à une autre beaucoup plus résistante, plus vivace quoique moins énorme…

Ici, plus d’arbres géants, plus d’eucalyptus fantastiques.

C’étaient maintenant des prairies d’un jaune d’or, émaillées de fleurs rouges, vertes et bleues… De petites rivières couraient çà et là, formant par endroits de grands marécages, bordés d’arbres bizarres, presque dépourvus de branches et dont les troncs unis ressemblaient assez à des colonnes de marbre.

Un murmure confus… des bruits profonds et mélancoliques montaient de la vallée.

On eût dit des plaintes… des gémissements et nous ne tardâmes pas à être convaincus que c’était le vent qui produisait ce bruit…

Autour de nous, des nuages roulaient très bas en énormes masses blanches comme la neige et, à travers le fin brouillard qu’ils formaient, nous aperçûmes au loin une multitude de collines et de vallons mauves sur lesquels, par endroits, se posaient des teintes roses et pourprées, vertes ou orangées…

J’étais absolument séduit par le spectacle de cette nature inconnue…

Fred lui-même, qui n’était guère impressionnable en ce qui touchait à l’esthétique, ne cessait de s’extasier sur toutes les merveilles qu’il découvrait.

Un mot, toujours le même, revenait à chaque instant sur ses lèvres :

— C’est féerique !…

Et de fait, c’était réellement féerique…

Rien ne pourrait égaler, je crois, la brillante splendeur de ces lieux sauvages… la troublante majesté de ces solitudes infinies…