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LE DOCTEUR OMÉGA

Peut-être les monstres avaient-ils entendu le bruit de nos voix…

Maintenant nous devinions qu’ils glissaient vers nous…

— Je vais tâcher de les éloigner, dit le docteur Oméga, très calme comme toujours…

Et il tourna la manette d’ébène qui commandait la grosse ampoule de notre phare d’avant…

Un flot de lumière inonda la plaine…

Affolées, les bêtes qui nous entouraient, d’énormes panthères noires aux têtes plates et aux crocs luisants, se mirent à bondir furieusement en décrivant des courbes fantastiques, fonçant, plongeant, virant désespérément… puis elles disparurent dans les herbes, en proie à une terreur folle…

Bientôt un grand silence régna sur la plaine… les fauves avaient regagné leurs tanières.

J’étais d’avis de faire mettre le moteur en marche et de continuer notre route, mais le docteur s’y opposa :

— Est-il donc utile de courir au devant de nouveaux dangers, fit-il… Vous avez vu avec quelle facilité nous avons éloigné ces fauves… nous n’avons plus à redouter leur visite… d’ailleurs, s’ils revenaient, nous les recevrions avec quelques-uns de nos pétards…

Et le savant me frappa familièrement sur l’épaule en disant :

— Allez dormir un peu, monsieur Borel, je vais prendre le quart…

Je vous prie de croire que je ne me fis pas répéter cette invitation…

En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, je m’étais jeté sur la couche que venait de quitter le docteur et je ne tardais pas à m’endormir d’un sommeil de plomb… car les émotions m’avaient brisé… anéanti…

Quand je rouvris les yeux, il faisait grand jour et nous