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LE DOCTEUR OMÉGA

demeurais inerte, le corps inondé d’une sueur glaciale.

Mais je fus tout à coup tiré de cette torpeur par la voix du savant.

— Fred, venait de s’écrier le docteur Oméga, passe-moi vite deux ou trois pétards.

Nous avions emporté à tout hasard quelques-unes de ces pièces d’artifice en prévision de signaux que nous aurions à faire. Nous ne pensions point nous en servir, mais on va voir qu’elles nous furent d’un grand secours.

Le docteur ouvrit rapidement un hublot, mit le feu à un pétard et le lança au dehors.

Presque aussitôt, il y eut une gerbe de feu, et une détonation, suivie de plusieurs autres, emplit les échos.

Terrorisés, les boas martiens s’enfuirent en glissant dans la jungle, et les herbes, qui ne tardèrent pas à s’agiter dans le lointain, nous prouvèrent que l’armée ophidienne était en pleine déroute.

— Il faut profiter du moment, dit le docteur.

Et comme il n’y avait aucun obstacle devant nous, il lança l’automobile à toute vitesse.

En quelques minutes nous fûmes hors de la jungle. Maintenant, c’étaient des monticules crayeux, des ravins escarpés.

Nous étions parfois obligés de faire des détours énormes pour ne point plonger dans quelque précipice.

Contrairement à nos prévisions, la végétation était maintenant à peu près nulle sur le chemin que nous suivions. Les arbres s’étaient espacés et nous nous trouvions au milieu d’une plaine où poussaient de hautes herbes rigides et droites comme des iris. Notre course n’était arrêtée par aucun obstacle, et nous pûmes marcher tout le jour à une allure fort rapide. Quand la nuit tomba, le froid commença à se faire sentir et nous fûmes obligés de refermer précipi-