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LE DOCTEUR OMÉGA

Le domestique obéit et, quand je n’eus plus besoin de lui, il sortit…

Pendant un quart d’heure, je me promenai dans ma chambre en fumant une cigarette, puis je me couchai et éteignis ma lampe.

Chose singulière, moi qui d’habitude m’endormais toujours comme un bienheureux, je ne pus fermer l’œil ce soir-là…

Je pensais sans cesse au hangar, à l’explosion, au docteur Oméga, et je cherchais, malgré moi, à me représenter la physionomie de cet homme qui inspirait une telle crainte à tout le village.

Qui sait, pensais-je, s’il n’a pas été écrasé sous les décombres de sa bâtisse ? Et je me prenais à le plaindre.

Cela devenait une obsession.

Enfin je m’assoupis.

Mais bientôt je fus réveillé subitement par un craquement léger… une sorte de glissement. J’écoutai quelques secondes en retenant ma respiration, puis je m’assis doucement sur ma couche. Je n’entendis plus rien.

— J’aurai rêvé, pensai-je.

Cependant, comme j’avais la tête lourde, je me levai et ouvris la fenêtre.

Une chauve-souris passa en voltigeant et plongea dans un taillis.

Au loin, une brume bleutée flottait sur les arbres que la lune éclairait par instants.

Une faible lueur semblable à celle d’un foyer qui couve brillait dans la plaine… c’étaient les décombres du hangar qui achevaient de se consumer…

Je fis le tour de ma chambre, heurtant du pied les objets que l’obscurité me rendait suspects, puis, complètement rassuré, je fermai la croisée et regagnai mon lit.