Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
LE DOCTEUR OMÉGA

nous diriger vers cette ligne noire que nous apercevons là-bas.

Nous nous serions bien gardés d’émettre une objection quelconque.

Quand le docteur nous demandait notre avis, nous savions par expérience que c’était pour lui une façon de parler et qu’il ne tenait jamais aucun compte de nos opinions ou de nos critiques.

Ce diable d’homme était en tout d’une terrible intransigeance.

Avant que nous eussions répondu à sa question, il avait déjà saisi le volant et l’automobile glissait légèrement sur le sol.

Au fur et à mesure que nous avancions, nous commencions à distinguer les lointains estompés d’ombre vers lesquels nous nous dirigions.

Nous franchissions parfois des ravins recouverts de neige, des fongosités qui s’affaissaient sous le poids du véhicule ; nous heurtions bien de temps à autre un obstacle, mais le docteur semblait ne pas s’en apercevoir.

Maintenant la plaine avait changé d’aspect.

Devant nous s’étendait une espèce de jungle fantastique où brillaient des plantes d’un gris-bleu qui affectaient la forme de glaïeuls…

On eût dit que nous allions nous engager dans un vaste champ où l’on aurait planté des glaives effilés.

Par prudence, le savant s’arrêta.

— Je crois, dit-il, que c’est ici que nous devons faire escale… avant de nous aventurer plus loin, il importe d’explorer un peu ces régions.

Nous ouvrîmes le petit hublot et un air chaud chargé d’émanations musquées pénétra dans l’intérieur du Cosmos.

Cet air n’avait rien de désagréable et nous comprîmes