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LE DOCTEUR OMÉGA

Pendant une heure environ tout marcha sans encombre.

Nous nous réjouissions déjà à l’idée que nous allions bientôt trouver des régions plus hospitalières, quand soudain nous poussâmes un cri.

L’automobile venait de s’engager brusquement dans une descente très rapide.

Malgré tous les efforts que faisait le docteur pour arrêter le véhicule, celui-ci augmentait progressivement de vitesse et il était certain que nous allions être broyés au fond du précipice vers lequel nous courions.

Ne pouvant me retenir, j’interpellai violemment le savant :

— C’est de votre faute lui dis-je… c’est à cause de vous que nous allons être écrasés… vous deviez bien penser que cette région était sillonnée de précipices.

J’avais à peine achevé ces paroles que je demeurai stupéfait ; le Cosmos au lieu de disparaître, de s’écraser, remontait maintenant à toute allure.

Le danger était conjuré.

Heureux de ce résultat imprévu, le docteur me regarda d’un air narquois et murmura :

— Monsieur Borel, je n’ai jamais vu un homme comme vous… vous vous épouvantez d’un rien…

Mais en dépit de cette feinte assurance, je remarquai que le vieillard était fort pâle. Il avait eu, lui aussi, une sérieuse émotion…

— Avouez, lui dis-je, que vous ne sembliez guère plus rassuré que moi.

Le docteur sourit et sifflota entre ses dents.

Mais il était devenu plus prudent… Il modérait autant que cela lui était possible la marche de l’énorme automobile.

Parfois même il s’arrêtait et, appelant Fred, lui demandait :