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LE DOCTEUR OMÉGA

— Alors, dit Fred, qui venait d’allumer une pipe — car maintenant on pouvait fumer dans le Cosmos — nous sommes condamnés à toujours voyager la nuit dans ce vilain patelin… Et moi qui voulais prendre des vues photographiques !

Le docteur sourit et répliqua :

— Un peu de patience, Fred, tu pourras bientôt je l’espère, satisfaire cette fantaisie, car lorsque nous aurons dépassé les régions glaciaires, je suis persuadé que nous rencontrerons des terres moins ingrates.

Le docteur avait allumé le grand phare placé à l’avant du Cosmos et s’était mis au volant après avoir assujetti sur ses lunettes une autre paire de besicles très puissantes.

— Nous allons, dit-il, marcher à une vitesse modérée… nous ferons tout au plus du quarante à l’heure… car il faut être prudent.

Il appuya sur un levier, débraya, et l’automobile se mit en marche en première.

Ô stupeur ! On s’attendait à la voir partir à petite allure et elle filait déjà avec la rapidité d’une flèche.

Le docteur freina insensiblement et parvint à diminuer ainsi la vitesse.

— À quoi pensais-je ? murmura-t-il… J’aurais dû me rappeler que, la densité étant ici moins grande, l’accélération du Cosmos serait presque quadruplée…

Et il n’avança plus qu’avec prudence.

Fort heureusement, autour de nous l’obscurité n’était pas complète ; nous voguions au milieu d’un jour translucide qui nous permettait d’apercevoir assez distinctement les objets environnants.

Partout c’était une plaine d’un gris bleu, qu’on eût dit éclairée par une lune invisible.

L’œil aux aguets, le docteur observait l’horizon.