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LE DOCTEUR OMÉGA

arbres géants ne tardèrent pas à choir avec un épouvantable fracas.

Pendant une demi-heure, ce fut un bruit sec, ininterrompu ; on eût dit qu’un monstre invisible cassait entre ses mains énormes les branchages d’une forêt.

Puis nous ne tardâmes pas à être entourés d’une poussière très menue qui, peu à peu, s’épaissit et finit par former sur le sol une épaisse couche grisâtre.

Bien que paralysés par le froid, nous avions cependant repris nos forces.

Nous nous levâmes et nous nous mîmes à marcher. Nos pas étaient silencieux… comme étoupés de ouate.

— Il n’y a pas un instant à perdre, dit le docteur Oméga… le froid va devenir très vif. Réfugions-nous dans l’obus où, du moins, cette fois, Fred pourra allumer le réchaud à alcool.

Quelques minutes après, nous étions installés dans notre bon Cosmos.

Bientôt une douce chaleur ranimait nos membres engourdis.

Nous regardâmes par les hublots et nous constatâmes qu’il tombait une neige très fine qui formait comme un brouillard blanchâtre.

— Cela ne gênera en rien notre marche, dit le docteur… allons, Fred, un coup de manivelle au moteur.

— Comment ? fis-je ; nous allons partir ainsi… en pleine nuit ?

— Cela est nécessaire, du moins tant que nous serons dans ces régions polaires.

— Mais pourquoi ne pas attendre le jour ?

— Parce qu’avec le jour nous verrions reparaître la végétation rapide qui vous a tant étonné… monsieur Borel, et qu’il nous serait alors impossible de nous frayer une route à travers ces forêts étranges…