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LE DOCTEUR OMÉGA

Nous aperçûmes bien quelques oiseaux, mais ils volaient si loin que nous ne pûmes les distinguer, même avec une lunette d’approche.

De temps à autre des plaintes semblables à des bâillements étouffés sortaient des profondeurs de la forêt.

Malgré la curiosité qui nous aiguillonnait, nous jugeâmes inutile de nous aventurer plus loin.

Nous revînmes donc sur nos pas et nous dirigeâmes vers le Cosmos.

Il était toujours amarré au même endroit, mais, au lieu de reposer à plat, il s’élevait verticalement, la pointe en bas, de sorte que, de loin, il donnait assez l’impression d’un phare élevé sur le rivage.

Une troupe de Martiens entourait le projectile et nous devinâmes sans peine qu’ils faisaient tous leurs efforts pour en couper les amarres.

Notre approche mit en fuite ces petits démons, et deux d’entre eux, dans leur affolement, vinrent se jeter sur Fred qui les saisit délicatement entre le pouce et l’index.

— Ne les tuez pas, lui dis-je.

Les deux petits êtres se débattaient désespérément poussant une plainte qui n’était qu’une harmonie de tons divers et que je crois pouvoir rendre assez exactement par ces quatre notes de musique : la, la, do, mi !

Je pris un des petits bonshommes et essayai de le rassurer, mais plus je lui parlais, plus il criait.

Je remarquai même que par un phénomène étrange souvent observé chez les caméléons, il avait complètement changé de couleur.

Sa tête était maintenant couleur safran et son corps olivâtre.

Je compris qu’il était ridicule de faire ainsi souffrir un pauvre nain débile et je le lâchai en ordonnant à Fred de m’imiter.