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LE DOCTEUR OMÉGA

— J’avais lu dans des livres d’astronomie, dit-il que les phénomènes de la végétation n’étaient pas les mêmes sur les autres planètes que sur la Terre, mais je ne pouvais croire à un phénomène aussi curieux… Voyez ces plantes, elles sont éphémères comme les insectes des bords du Gange. Nées le matin, elles mourront le soir et les graines qu’elles auront semées donneront le lendemain naissance à de nouveaux arbustes…

Je croyais rêver !… et plusieurs fois je me pinçai le bras pour m’assurer que j’étais réellement éveillé…

Le fumeur d’opium, dans l’ivresse de son sommeil extatique, ne doit pas voir des phénomènes plus curieux, des tableaux plus étranges que ceux qu’il m’était donné de contempler.

Nous dépassâmes les glaciers et une végétation multicolore apparut.

Sur quelque endroit que nos yeux se portassent, nous n’apercevions que des plantes, des arbustes, des fleurs et des fruits écarlates, roses, violets ou jaunes.

Tout ce que nous voyions détruisait péremptoirement les affirmations du philosophe Kant, lequel, au XVIIIe siècle, prétendait que la planète Mars pouvait être classée dans la catégorie terrienne au point de vue des trois règnes de la nature.

Cependant les arbustes montaient rapidement et ne tardaient pas à devenir des arbres géants, aussi hauts que des eucalyptus ayant atteint leur plein développement.

Nous avions débarqué sur une plaine de glace… nous nous trouvions maintenant au milieu d’une forêt.

Une chose nous étonnait toutefois, c’était de ne pas rencontrer d’animaux dans ces régions.

À part les petits Martiens que nous avions mis en fuite, et le mastodonte que nous avions tué, aucun être vivant ne s’était manifesté.