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LE DOCTEUR OMÉGA

des impressionnistes, nous demeurâmes tout simplement ébahis !

Je me demandais même si je n’étais pas atteint de cette étrange affection de la vue qu’on nomme le « daltonisme » et qui fait voir les objets sous une autre couleur que celle qu’ils ont réellement… mais il n’y avait pas de doute possible… le docteur, Fred et moi distinguions absolument les mêmes teintes…

Bientôt nous entendîmes des craquements répétés…

— Qu’est-ce donc que cela ? demandai-je au docteur.

Il sourit :

— Ce sont des arbres qui poussent, me dit-il.

Je partis d’un franc éclat de rire…

Mais le vieux savant me regarda fixement.

— Pourquoi riez-vous ?

— Mais répondis-je… ce que vous venez de dire est si drôle…

— C’est cependant la vérité… voyez plutôt.

Et le savant me montra le sol…

De la neige sortaient des pousses bizarres, pareilles à des cosses qui, sous l’influence du soleil, éclataient avec un petit bruit sec et découvraient un embryon d’arbuste qui se transformait avec une rapidité surprenante…

Une tige apparaissait bientôt, sur laquelle on voyait des perles luisantes qui s’ouvraient doucement, livrant passage à de petits rameaux argentés se transformant par degrés en feuilles involutives.

Le tronc de ces plantes ressemblait beaucoup à celui de nos cactus ; la tige en était charnue, très épaisse, tantôt plate, tantôt cylindrique et globuleuse, ou bien formée de rameaux obovales ou suborbiculaires.

Le docteur notait sur son calepin les transformations successives de ces plantes admirables.