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LE DOCTEUR OMÉGA

fort qu’un éléphant… ici il a tout au plus la résistance qu’offrirait une faible biche…

Tout ce qui naît dans Mars croît rapidement… tout s’y forme avec rapidité, mais des monstres qui, comme celui-ci prennent des proportions gigantesques, ressemblent absolument à ces arbres d’Amérique qui poussent à vue d’œil, deviennent énormes et s’affaissent subitement…

La pesanteur agissant moins sur les êtres de Mars que sur ceux de la Terre, il s’ensuit que leurs organes, tout en offrant une certaine apparence de force, sont d’une faiblesse incroyable…

Ayant, à cause de la densité qui est très faible sur cette planète, besoin de moins d’efforts, pourquoi posséderaient-ils une vigueur qui ne leur servirait à rien ?

Voyez cet animal, il est phénoménal, mais c’est un colosse aux pieds d’argile.

N’empêche que, dans ces régions, comparé aux pauvres petits êtres que nous venons de voir, il doit être un bien redoutable adversaire !

Tout est relatif ici… comme chez nous…

Puis après avoir longuement examiné la bête et l’avoir photographiée avec son kodak, le docteur nous dit, en assujettissant ses lunettes sur son nez :

— Regardez donc là-bas !…

Nos yeux se portèrent dans la direction qu’indiquait le savant et nous aperçûmes, entre la brèche des glaciers, un paysage merveilleux, d’une splendeur inouïe.

Devant nous s’étendait une plaine d’azur, bordée dans le lointain par des roches qui semblaient formées de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel…

Ah ! qu’un peintre impressionniste se fût extasié devant ces champs mauves, ces rochers bleus, verts ou jaunes !

Mais nous qui n’étions point des peintres et encore moins