Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
LE DOCTEUR OMÉGA

fiant, une sorte de machine robuste aux rouages peu compliqués…

En ce moment tragique il me fit l’effet d’un héros !…

Et de fait !… c’en était un !… Oser ainsi provoquer en combat singulier un épouvantable géant qui allait infailliblement le broyer !

Quand il fut à deux pas du monstre, qui déjà s’arc-boutait sur ses pattes de derrière pour bondir, je fermai les yeux afin de ne pas voir l’affreuse chose qui allait se passer.

Il me semblait déjà que les défenses de l’animal labouraient les chairs de notre pauvre ami… et je le voyais sanglant, horriblement dépecé, gisant dans une bouillie rouge sous les pattes du mastodonte.

Soudain, il y eut un bruit mat, comparable à celui que ferait un bâton frappant sur un tapis tendu…

Mon Dieu ! c’en était fait de Fred !

Mais le docteur avait poussé un cri… un cri de triomphe…

Je rouvris les yeux et demeurai stupéfait.

Ce n’était pas Fred qui gisait à terre, mais le redoutable mammouth…

L’énorme bête avait les deux pattes de devant broyées et faisait des efforts furieux pour se redresser.

D’un autre coup de sa barre, Fred lui fracassa la tête.

Le crâne craqua comme une branche d’arbre qui se rompt et le mastodonte s’affaissa lourdement…

Il était mort !

On juge de ma stupéfaction…

Déjà le docteur s’était élancé vers la bête… Maintenant, penché sur elle, il l’examinait curieusement.

— Parbleu, s’écria-t-il… j’aurais dû m’en douter… c’était certain… tous les animaux de cette planète ont une résistance infime comparativement aux animaux terrestres…

Sur terre, un monstre comme celui-ci eût été trois fois plus