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LA TÉNÉBREUSE AFFAIRE

— Tu en as de la chance, murmurai-je… Moi, je suis sans emploi.

Le chauffeur réfléchit quelques instants puis me prit familièrement par le bras.

— Écoute, dit-il, la place est bonne ici mais le patron est regardant… Chacun a sa tâche dans cette maison et nous ne sommes pas nombreux.

— Il a pourtant un chauffeur ?

— Bien sûr, puisque c’est moi…

— Et une femme de chambre ?

— À quoi vois-tu cela ?

— Dame ! ces tabliers et ces bonnets blancs qui sèchent là-bas au soleil…

— Tu es un finaud, toi… tu vois tout du premier coup-d’œil… Nous avons aussi un cuisinier, un nommé Picklock, qui fabrique le pudding comme pas un.

Et mon compagnon éclata de rire en me donnant une grande claque dans le dos.

Ce chauffeur m’horripilait, il me faisait surtout l’effet d’une brute sournoise et je pensais en moi-même : ce doit être quelque repris de justice… quelque ancien convict échappé des galères.

Instinctivement, je regardai ses pieds : il était chaussé d’espadrilles qui me parurent énormes,