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une odeur de fauve, de moisissure et de chair pourrie.

— Tu es, dit la voix, tu es la reine du monde. Ta beauté et la précision de tes muscles t’ont donné la puissance qui t’affranchira de la mort. Bientôt, tu agiras par toi-même, tu vaudras mieux que n’importe quelle intelligence…

Et les arbres parlaient encore malgré le crépuscule qui couchait toutes choses dans les draps noirs de la nuit. Suivant leur tempérament, arbres majestueux puissamment ancrés sur le sol, arbustes maladifs aigris par la lutte inégale, ils disaient l’éternité de l’âme et le recommencement de la vie.

L’Indien, sur la digue étroite, marchait en équilibre. Rien ne pouvait être comparé à la splendeur harmonieuse de son corps nu d’athlète, si ce n’est le grignon élancé qui dresse vers le ciel sa colonne ionique, très pure, éblouissante de sève et de puissance.

Il y avait dans ses yeux tant de lumière qu’il suffisait de le regarder pour être inondé par les irradiations émanant de ses prunelles.

Hier, je souffrais, comme d’une honte secrète, de l’abandon du placer. Maintenant, je savais