Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le héron qui flotte sur l’eau les ailes étendues, tu étais pour nous le plus prodigieux étonnement.

A demi penché sur le marécage par la tempête, un bois de rose exhalait jusqu’à nous son âme odorante.

— Que t’importe ? disait l’arbre embaumé, que t’importe… n’es-tu pas immortelle ? J’ai vu les premiers hommes qui ont occupé ce camp ; ils étaient en tout semblables à ceux qui t’abandonnent ; ils menaient une vie misérable ; ils sont morts. D’autres sont venus, plus misérables encore. Toi seule es restée ; chaque saison t’a apporté un nouveau perfectionnement.

D’autres arbres racontèrent l’arrivée de la première drague et le développement incessant du monstre dont les cris les avaient d’abord effrayés.

Le fantôme répétait les paroles confuses venue » de la forêt, mais nul n’aurait pu discerner d’où venait la voix qui parlait en moi-même.

— Pour atteindre leur degré de développement actuel, les plantes et l’homme ont lutté et souffert pendant des millions d’années… choses inertes et stupides en qui la conscience ne se révélait que lentement. Compare ces lents progrès à l’épanouissement rapide de la machine déjà supérieure à tous les êtres vivants. Les plantes, comme les animaux, ont acquis lentement la mémoire et le sens des pressentiments. Ils se communiquent