Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le fantôme, les bras tendus vers elle, ressemblait, dans ses vêtements blancs, à un aigle séchant ses ailes.

— Voici, disait la voix, que les hommes m’ont abandonnée et la mort m’enveloppe… je ne serai bientôt plus qu’un squelette… un arbre mort flottant sur l’eau.

La drague montrait, sous le soleil qui l’incendiait, ses joyaux étincelants. L’acier chromé des lèvres des godets poli par le travail, les cuivres de la chaîne, les tables à mercure, brillaient comme des diamants.

— Les hommes m’ont abandonnée… mon corps innombrable meurt… j’étouffe sous le silence qui m’accable… la rouille paralyse les articulations de mes membres… l’eau gagne les profondeurs de ma coque.

Aux lamentations du monstre d’acier, des voix répondaient :

— Ainsi, toute ta vie est subordonnée à la présence de l’homme. Comme les bêtes domestiques et les plantes du jardin, tu meurs parce que l’homme t’a abandonnée… Pourtant, tu étais alerte et active lorsque l’homme était fatigué ; tu avais l’esprit lucide et calme quand l’ouvrier s’endormait dans l’accablement de la fatigue ou de l’alcool. Plus rapide que l’oiseau, plus robuste que des centaines d’hommes assemblés, légère comme