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dille de bois, une goutte de pluie peut tomber sur la plante qui ne se refermera pas… Parce qu’elle est sans yeux, sans oreilles et sans cerveau, crois-tu que cette feuille n’a pas une conscience qui éclaire et guide sa vie ?

— …

— Et toi, qu’es-tu ? Ta raison n’est pas différente de celle de la plante qui tue et mange une proie ?

Des voix s’élevaient qui semblaient répondre à sa voix.

C’étaient les voix des humbles plantes qui nous entouraient dans l’obscure maison de la jungle.

Les faibles murmuraient d’ardentes protestations. On les voyait user d’astuce dans la lutte contre les géants et les parvenus de la Forêt.

Vers le rayon de lumière qui tombait entre deux cèdres, toutes les pousses se tendaient comme des mains de prisonniers vers le soupirail du cachot.

Quels patients calculs… quels efforts de logique et quelles ruses pour échapper à la domination des puissants, pour ramper du sol gluant aux terrasses vertes du toit de la jungle sur quoi s’étale le soleil…

La pénombre faisait une nuit merveilleuse dans l’immense parvis de la forêt. La lumière était presque semblable à celle d’un jour d’automne, mais plus douce. Très loin, on entendait les soupirs des