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traversèrent la salle, se poursuivant à la façon des abeilles.

Marcel Marcellin et Delorme attendaient avec une égale anxiété, comme si un événement décisif allait se produire, qui transformerait le monde. Ils se regardaient sournoisement, tout en surveillant la ligne rouge et fermée des lèvres de Marthe.

La poitrine haletante, prête à pleurer, elle se leva et partit.

Comme elle entrait de biais dans le cadre lumineux de la porte, elle frôla en passant l’Indien accoudé au chambranle.

Alors, parce que l’atmosphère était saturée du désir des hommes et parce que son cœur de femme en éprouvait un voluptueux émoi, elle fixa les prunelles vertes du Peau-Rouge pour y chercher la flamme intérieure.

L’Indien mit les deux mains sur les cheveux de la jeune femme. Elle eut un éblouissement et comme une brûlure qui la pénétrait. Elle voulut sourire ; elle était sans force ? et sans volonté ; elle eut l’impression que son esprit ne lui obéissait plus.

Il faisait très lourd ; le ciel bas et cuivré annonçait la tempête. Marthe respirait péniblement. Elle vit en se retournant que le fantôme n’était plus dans la salle. Delorme et Marcel Marcellin travaillaient en silence à l’épure.