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Il se dressa, serrant les poings et les dents, comme un homme qui va s’élancer.

— Loubet, dit-il, prends garde !

Loubet se leva lentement, les jarrets contractés, prêt à bondir.

— Laisse-la, cria Ganne, je te défends de la toucher…

Sa lèvre inférieure tremblait. Son corps était agité de frissons comme celui d’un chat-tigre en arrêt.

— Je te défends de la toucher, reprit-il. D’un bond, Loubet l’avait pris à la gorge. Ils roulèrent sur le parquet. On entendait le halètement des poitrines oppressées, les coups sourds des corps frappant le sol. Une odeur acre de sueur et de sang montait dans la nuit.

Ils s’étaient redressés et se tenaient debout, face à face. Entre eux, il y avait la mort. Tous deux la virent ; tous deux étaient certains qu’elle était là.

Lorsqu’ils s’empoignèrent, poitrine contre poitrine, ils poussèrent un rugissement de fauve. Ganne bascula par-dessus la table et s’écroula sur le sol avec fracas. Il s’était battu souvent dans la vie, mais jamais il n’avait souffert d’une étreinte à la gorge comparable à l’étau des mains de Loubet. Elles l’étouffaient ; son cou craquait.

Marthe, découpant une orange avec une atten-