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parlé. Je crois que je rêvais, Peut-on rêver sans dormir ? J’ai eu peur…

Les deux hommes, également troublés, écoutaient en silence, hochant la tête.

Loubet eut un élan vers Marthe :

— Ce sont des folies… Il n’y a pas d’ombres… Avez-vous encore peur, maintenant ?

Il lui avait pris les mains. Assis en face de la jeune femme, les genoux touchant les siens, il ajouta :

— Tout vient de l’Indien… il rôde sans doute… mais il ne peut rien contre vous.

— Pourquoi ? fit-elle en souriant.

— Je ne sais pas… il serait le seul parmi nous… je crois qu’aucun homme ne peut vous regarder sans pâlir, et que tous ceux qui vivent auprès de vous…

Marthe lui mit en riant la main sur les lèvres pour l’empêcher de parler.

Ils jouèrent ainsi un instant. Ganne se tenait à l’écart ; son regard mobile suivait chacun des mouvements de Loubet, comme un jeune chat guettant une proie.

Il crut que Loubet portait à ses lèvres la main qu’il tenait emprisonnée dans les siennes. Il crut que Marthe, acceptant cette caresse, se penchait… il crut que sur la nuque offerte, Loubet inclinait à nouveau son front.