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La main dans la main, nous suivons, au bord de la vallée, le tracé des mineurs.

Bottée très haut, le fusil en bandoulière, Marthe m’entraîne je ne sais où. Elle marche à longues enjambées, régulières et rapides, à la façon des Indiens.

Les ombres des arbres, très longues, s’étirent, découpées en fines dentelures et dessinées à l’encre de Chine sur le marais d’argent.

Nous allons sans mot dire. Parfois, elle me regarde et sourit avec malice.

— Où allons-nous, Marthe ?

— A l’aventure…

Le tracé entre, à angle droit, dans la forêt. La chaleur, emmagasinée pendant le jour, s’exhale lentement en buée transparente à travers les rideaux de lianes.

Au sommet de la colline, le chemin bifurque.

— Nous n’irons pas plus loin… Voici le sentier des maraudeurs…

Marthe ne sait pas, sans doute, qu’un parti des nôtres est embusqué, cette nuit, à l’entrée de la crique, au débouché du sentier, pour mettre à la raison les maraudeurs qui viennent piller le placer. Les maraudeurs sont les parias de la jungle. Ils ne