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Les excavateurs accrochés au flanc de la colline mordent la pierre et crachent en sifflant. Alignés devant la faille du rocher béant, ils sont comme des terrassiers noirs chargeant en cadence les wagonnets actionnés par une force mystérieuse.

A l’est, une falaise, attaquée au monitor, s’effrite et s’écroule. Une rivière de boue et de sable descend en cascade vers les sluices étagés en aval. On entend les coups de marteau des pistons des pompes dissimulées dans une tranchée.

Les machines fouillent le soi, lavent les alluvions, abattent les quartz, transportent les matériaux et bouleversent l’ordre des choses, sans que l’homme apparaisse dans ce formidable labeur.

Les ouvriers du placer, disséminés parmi la machinerie géante, tiennent moins de place que les ombres errantes des aras voletant sur le lac.

La vallée de l’Elysée gémit, gronde et crépite parmi les détonations des coups de mine et le fracas des moteurs. Les gestes et la voix des hommes ne sont rien dans cette agitation qui transforme le monde, dans cette clameur qui fait osciller les colonnes de l’air.

Et cependant, l’âme humaine seule peuple cette ruche au travail.

De la terrasse du camp d’où je vois luire au loin