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Pierre Deschamps où habitait la jeune femme. Il passa devant la porte. La case était vide.

Delorme, se dirigeant vers la maison commune, fit un détour pour éviter l’Indien dont la haute stature barrait l’horizon, comme un croiseur à l’entrée d’un port. Une crainte secrète l’éloignait du géant.

Il vint s’asseoir sur les premières marches de la terrasse et regarda la naissance des étoiles. Elles éclataient dans la nuit, l’une après l’autre, comme les lumières de la ville, très au loin au fond d’une rade.

Une lourde chaleur humide collait aux épaules ainsi qu’un drap mouillé d’eau tiède.

Le cœur serré d’une angoisse indéfinissable, l’ingénieur eut la sensation qu’un être très cher venait à lui, dont il ne pouvait dire le nom, ni évoquer l’image avec précision. C’était un trouble inconnu, d’une sensualité profonde, qui donnait à ses lèvres un goût sucré et qui lui rappelait l’émoi de sa première adolescence.

Tout à coup, sur le tracé, il vit venir des robes blanches. Les ombres, sorties du marécage, s’avançaient en hésitant… Maintenant, des jeunes filles, se tenant par la main, riaient et couraient vers lui,