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allumé par l’Indien, Marcel et Pierre Deschamps s’écroulèrent sur le sol en gémissant. La fièvre les secouait de mouvements convulsifs. Ils étaient, comme l’Indien, entièrement nus ; ils semblaient aspirer par tous les pores de leur peau la chaleur vivifiante du feu.

On entendit la voix de Marthe appelant :

— Pierre…

Dans le silence lunaire, l’appel de Marthe se perdit. Parfois, de la poitrine de la jungle endormie s’exhalait un lourd frémissement, un soupir semblable à un lent battement d’aile.

Puis, de nouveau, pendant des heures, le silence froid, tendu comme un suaire d’un bout à l’autre de l’horizon…

— J’ai soif, dit Marthe.

Elle était, dans cette nuit blême, si pâle, que son visage raidi ressemblait à un masque de platine.

L’Indien, ayant constaté que la fièvre était tombée, ouvrit une veine de son bras et appliqua la blessure sur les lèvres de la mourante. Le goût salé du sang ranima Marthe qui voulut sourire.

Le sang, sur sa bouche, était comme un fruit trop mûr, écrasé.