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lui-même frappé d’impuissance. Il semble que son autorité soit vaine et ses ordres sans objet.

La caravane est une troupe désemparée qui marche à l’aventure.

Une impression inconnue de solitude paralyse ma pensée. Toute mon âme est imprégnée par cette odeur de santal dont l’intensité semble croître. Je voudrais échapper à cette suggestion.

Un rameur m’injurie parce que je laisse flotter mes mains dans l’eau, et parce que ce geste ralentit la marche de la pirogue.

Je prends à mon tour la pagaye : les reins tendus, les jambes arc-boutées au banc, je rame de toutes mes forces. Mais, l’odeur est toujours là, subtile, pénétrante, comme si mes vêtements et toutes les fibres de mon corps sécrétaient du santal.

Après l’étape de midi, Delorme donne en vain le signal du départ. Les hommes restent couchés à l’ombre des cacaoyers sauvages. Ils ont des yeux mauvais de chiens opprimés, prêts à mordre.

L’ingénieur, perdant tout contrôle sur lui-même, s’emporte, menace, et se couche à son tour sur le sable, secoué par une colère qui s’exhale en imprécations.

— L’Indien a disparu, dit Marthe.