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bêtes vont boire et qui est en tout semblable au chemin tracé par les hommes.

Au bord de l’eau, sur le dégrad en pente douce, un bouquet de palmiers balance de grands éventails verts. Les palmiers géants ont jonché le sol de branches mortes, comme pour un triomphe.

Le port minuscule ressemble, sous l’encorbellement des palmes, à un berceau.

Nous restons là de longues heures, oisifs, attendant l’arrivée des pirogues.

L’eau scintille à nos pieds. Un grand ibis noir pêche sur la rive opposée. Il semble, sur ses pattes très fines et presque invisibles, planer mystérieusement dans l’air à quelques centimètres de l’eau.

Le silence est plein d’un véhément désir… les bruits lontains se heurtent. La vie toute-puissante des plantes règne seule ici.

Les hommes, endormis sous l’ombre des palmes alanguies, sont inertes comme si leur sommeil, pareil au repos des plantes, devait se prolonger éternellement.