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cule. Et la couleur des feuilles dont le vert est tantôt brillant et tantôt mat… Et surtout les palpitations de la rivière… l’eau change d’aspect à chaque instant… il y a les jeux des ombres qui tremblent sur l’eau… et le cœur du fleuve qui bat tantôt avec précipitation et tantôt qui se tient immobile, comme la gorge d’une femme évanouie.

Et ce sont des propos sans fin qui sont à l’âme de Marthe comme le babil incessant d’une mère au chevet d’un enfant.

La route est longue… Le convoi de pirogues avance avec lenteur contre le courant chaque jour plus sévère, sur le fleuve chaque jour plus étroit.

Lorsque la nuit approche, on voit des ombres grises ondoyer en silence hors de la forêt. Ce sont les hibous géants qu’aucun homme n’a jamais pu approcher.

Au passage des rapides, pendant que les hommes halent les pirogues à grands efforts sur les roches écumantes, nous allons à travers bois.

Marthe court au-devant de nous. Sa joie bruyante d’écolière se traduit en mille cris. Elle découvre des merveilles toujours nouvelles : une liane fleurie semblable à une guirlande de papier peint, une orchidée suspendue au tronc d’un arbre