Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seins de Marthe cessèrent de battre, son visage s’effaça peu à peu dans la pénombre et dans la nuit.

Sur le sol, de grands papillons rouges étalés semblaient dormir, qui n’étaient que les feuilles écarlates tombées de la poitrine de Marthe.

On eût dit que tout le sang du beau corps de la jeune femme s’en était allé par la blessure ouverte de la rose rouge, et que l’anéantissement de tout son être s’en était suivi.

— Qu’est-ce qui te guide dans la vie ? Rien. Aujourd’hui, tu n’es pas le même homme qu’hier. Ta personnalité se transforme avec les mouvements du jour. Et le rêve ? Comment l’expliques-tu ?… C’est une autre vie qui commence… Tu n’étais qu’un mineur et te voilà gouverneur de l’île, marchand, marin, que sais-je ? Tu n’as pourtant pas changé d’âme… Que de mystère…

Les hommes, réunis autour de la table, délibéraient. Ils étaient comme des juges chargés de résoudre le problème d’une conscience. Ils discutaient parfois avec âpreté, parfois à voix basse, cherchant anxieusement une solution qu’ils ne pouvaient trouver.